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Chronique de I'm Going Away
Paru en 2009

Contexte de parution : Rock&Folk

Sujet principal : Fiery Furnaces
Cité(s) également : plusmenu_mondes.pngBob Dylanmenu_mondes.png, Captain Beefheart, Eleanor Friedberger, menu_mondes.pngLostmenu_mondes.png, Matthew Friedberger, Otis Redding, Valerie Solanas




Presque toutes les chansons des Fiery Furnaces sont des odes à la détresse féminine. Ce sont des chants d’héroïnes abandonnées, trompées, battues, presque folles, parfois catatoniques et parfois transformée en criminelles – mais dont la joie naît de la douleur comme sa rose céleste. Ce sont des machines à souffrir qui se transforment en Valérie Solanas cosmiques et coupent les sexes de toutes les musiques qui ne resplendissent pas assez. Pour leur – déjà ! – huitième album en six ans, The Fiery Furnaces simplifient leur approche et délaissent les mini-opéras cosmiques qui firent les beaux jours de « Blueberry Boat » ou l’auto-égyptologie qui épiçait le colossal « Widow City ». « I’m Going Away » enchaîne les morceaux rock et soul comme le ferait un « groupe normal » : l’infini mélodique en plus, et ce qu’il faut bien appeler un authentique génie poétique. Le piano aux 1001 notes de Matthew Friedberger se mêle à des rythmiques archi-beefheartiennes (le morceau-titre ; « Staring at the Steeple ») et la voix âpre et déchirante d’Eleanor accompagne l’arrivée des nouveaux personnages (ô Ray Bouvier ! ô Lester !) sur des séquences d’accord mêlant le temps d’un disque Otis Redding et Bob Dylan (« Drive to Dallas » ; « Even in the Rain »). Ce sont les refrains parousiques de « Charmaine Champagne » transfigurant un rockabilly à vous empêcher de dormir. C’est ce solo de rasoir percutant comme une moustache de Joconde sur « Cut the Cake » ou en question-réponse mongoloïde sur « Even in the Rain ». Et puis c’est cette nouvelle élégie, « Lost At Sea », une de leurs plus belles chansons, qui serre le cœur et trempe la volonté pour affronter l’aube nouvelle. Au dernier morceau, « Take Me Round Again », l’auditeur est ému aux larmes. Il remercie et regarde lentement s’éloigner The Fiery Furnaces, pareils aux prêtres de Dionysos, errant de terre en terre au long de la nuit sainte.