Pacome Thiellement.com

corpus_330_twinnnnn.jpg
Adieu David Bowie
Paru en 2016

Contexte de parution : Chaos Reigns (chaosreigns.fr)

Présentation :

Texte écrit dans le cadre d'un hommage rendu par Chaos Reigns sur le cinéma de David Bowie.


Sujet principal : David Bowie
Cité(s) également : plusmenu_mondes.pngDavid Lynchmenu_mondes.png, Kyle MacLachlan, Samuel Bayer, menu_mondes.pngTwin Peaksmenu_mondes.png




David Bowie, au cinéma, potentiellement c’est presque tout pour moi vu qu’il apparaît dans ma séquence de film préférée de tous les espaces et de tous les temps. C’est la séquence « philadelphienne » de Twin Peaks – Fire Walk with me (1992) où son personnage, Philip Jeffries, un agent de FBI disparu depuis deux ans, apparaît quelques instants dans le bureau de Gordon Cole (David Lynch) après être sorti de l’ascenseur au fond du couloir, entrainant un dédoublement de l’agent Cooper (Kyle McLachlan) apparaissant simultanément dans le bureau de surveillance et sur l’écran, en anticipation de sa rencontre finale avec son döppelganger. Le personnage joué par Bowie disparaît quelques minutes plus tard – mais, nous apprend-t-on : « il n’a jamais été là ». David Bowie ne se contente pas de jouer dans cette séquence ; je suppose qu’il l’a même inspirée. Comment ? En jouant n’importe comment. Ce sont les Missing Pieces (2014) du film qui nous le laissent supposer. Dans celles-ci, la scène, pas encore mélangée à une autre (plus cérémonielle et énigmatique, celle située « au-dessus d’une épicerie ») ni nourrie d’images de fils électriques, de neige télévisuelle et de flashs de la Red Room, peine à trouver son rythme et sa puissance. Et Bowie fait énormément de grimaces et semble s’effrayer tout seul, peu aidé par un Kyle MacLachlan qui donne l’impression de vouloir bâcler ses scènes et David Lynch qui ne peut pas être au four du jeu et au moulin de la direction ! En sauvant au montage la séquence avec David Bowie à tous prix, David Lynch a inventé une vitesse supérieure à son cinéma : il a mis son spectateur en apesanteur. Et j’ai revu mille fois cette séquence : d’abord pour comprendre ce qui s’y passait, ensuite pour comprendre pourquoi aucune n’arrivait à me plaire autant que celle-là. J’ai écrit un nombre incalculable de textes sur cette séquence et autour d’elle. Je crois que je vis à l’intérieur d’elle depuis que j’écris. Et les œuvres dont je traite dans mes textes sont comme l’agent Philip Jeffries à Philadelphie : des choses que j’ai vues ou cru voir, qui n’ont peut-être pas été là, mais qu’un regard ou un caméra a malgré tout capté et retenu.

Son Meilleur rôle : lui-même dans « Le Rêve de Natacha », sujet du journal télévisé de 1977

Sa meilleure chanson dans une B.O. : « Young Americans » en générique de fin de Dogville.

Son meilleur clip : « The Heart’s Filthy lesson » (dir. Samuel Bayer)

Son meilleur morceau : « Sons of the Silent Age ».