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Le Messie des pauvres cons
Paru en 2017

Contexte de parution : Mon Lapin Quotidien (L'Association)

Présentation :

Texte publié dans le premier numéro de Mon Lapin Quotidien en février 2017.


Cité(s) également : plusEmmanuel Macron, Manuel Valls




C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la jeune fille deviendra enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel (Isaïe VII, 14). Il ne reste plus beaucoup de biscuit dans la besace de leur monde. Soit il devient fanatique, à l’américaine, comme le crétin Valls, qui croit à Marianne comme les télé-évangélistes croient à la réalité biologique de Adam et Eve. Soit il se dissout pataphysiquement dans la banque. C’est l’option que représente l’androïde Macron : signe vivant de l’impossibilité, pour nos dirigeants comme pour nous, de sortir de l’enfer dans lequel ils nous maintiennent. Ses maladroites gesticulations de robot en costard faisant de la réussite sociale une qualité morale sont les traits saillants d’un monde qui se noie et le signe que la démocratie représentative est une escroquerie. Il ne faut pas revenir aux sources de celle-ci ou l’essence du régime des partis : il faut les mettre en pièces. Il ne faut pas attendre que le monde politique nous sorte un nouvel « homme providentiel » comme on sort un lapin du chapeau de l’illusionniste : il faut refuser que la fonction présidentielle soit conservée. Et si, par impossible, un « politicien talentueux » venait à apparaître avec la promesse de nous sortir de cet enfer en échange d’un vote dans son urne, alors il faudrait impitoyablement le tuer.

Il pénétrera dans Juda, il débordera et inondera, il atteindra jusqu’au cou. Le déploiement de ses ailes remplira l’étendue de ton pays, ô Emmanuel (Isaïe VIII, 8). On se souvient de l’interview du messie Macron dans Le 1 : « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude car elle ne se suffit pas à elle-même. Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! » L’impossibilité de quitter ce sinistre fantasme démontre surtout le vide imaginaire de la classe politique française. La nostalgie du roi n’est pas chez eux un constat, c’est plutôt un souhait. Ils voudraient être traités comme des monarques. Ils ont fait de la république une salaucratie. Ils ont rendu l’endroit si sale que plus personne ne voudrait y entrer pour pisser. Qui, même pour sauver le monde, pourrait supporter de passer ne serait-ce qu’une heure avec l’un d’entre eux ? Du reste, ça ne servirait à rien. Et ce n’est pas de nos élites qu’il faut attendre qu’elles se rendent compte de l’enfer qu’elles nous font subir : elles ne les comprennent pas et ne peuvent pas les comprendre. Le succès aveugle. La fortune insensibilise. Les riches sont des cons.

Isaïe, VIII, 10 : Formez des projets, et ils seront anéantis ; donnez des ordres, et ils seront sans effet : Car Dieu est avec nous. Ce n’est pas une question de personnes. C’est la démocratie qui doit être renversée et retournée en son contraire. Par principe, la délégation de son pouvoir à un « élu », si elle n’est pas compensée par des contraintes pénibles, ne peut produire que des nuisances. La seule solution serait que le chef soit, comme chez les Indiens, l’homme le plus pauvre du clan. Tant qu’on ne fera pas du statut de chef une fonction pénible, triste, sans compensation, elle sera l’objet de convoitise des crapules et la source de corruption des faibles. Plus un homme est puissant, plus il se dégrade moralement. Faites souffrir vos chefs. Humiliez-les, mentez-leur, abusez d’eux, faites de leur vie un enfer : c’est la seule voie pour une amélioration.