Pacome Thiellement.com

corpus_373_unsanevisqueen.jpg
Chronique de Visqueen
Paru en 2007

Contexte de parution : Rock&Folk

Présentation :

Chronique de l'album Visqueen du groupe Unsane.


Sujet principal : Unsane
Cité(s) également : plusChris Spencer, Ipecac, Vincent Signorelli




Le hard core est une forme si pure et si naturelle qu’elle ne devrait cesser de revenir dans nos vies comme la nuit succède au jour. Avec « Visqueen », les membres d’Unsane se présentent néanmoins comme les « Last Men Standing » du noise mid tempo, les derniers guerriers abandonnés et désoeuvrés d’une tribu disparue, invoquant dans le désert les dieux archaïques de la force et du combat contre soi-même. C’est un disque de fin d’après-midi très lourde – qui compense l’orage qui n’arrive pas, et conjure toutes les apocalypses hypothétiques possibles (les magnifiques breaks d’harmonica de « This Stops At This River », l’introduction insinuante de « Windshield », le magnifique « Line On The Wall »)… Le groupe new-yorkais, après presque vingt ans d’esthétique minimaliste et huit disques d’une puissance sans bornes, continue à publier des albums aux pochettes aussi ensanglantées que leurs doigts de musiciens sacrificiels, et, comme beaucoup de groupes qui changèrent naguère de compagnie de disque comme de chemise, a trouvé un refuge chez Ipecac, ce qui explique leur dernière piste, l’expérimental et hypnotique « East Broadway » (8 minutes 43), et ses sirènes envoûtantes, ses bribes de conversations en boucle étouffées et ses chuintements de trains filant vers l’Ouest. Les arpèges de guitare dirigent les basculements émotionnels comme une voiture qui fonce sur un sapin de Douglas et les nuées de cymbales de Vincent Signorelli (un ex-Swan au nom de peintre de la Renaissance infernal) recouvrent les hurlements magnifiques de Chris Spencer comme si il fallait – encore – cacher son identité aux instances supérieures. Ne dites pas aux dieux qu’ils existent : ils le prendraient terriblement mal.