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Maintenant il pleut des diamants
Paru en 2017

Contexte de parution : Dossier de Presse

Présentation :

Texte écrit dans le cadre du dossier de presse du film de Bertrand Mandico Les Garçons Sauvages.


Sujet principal : Bertrand Mandico
Cité(s) également : plusArthur Rimbaud, Charles Laughton, Jules Verne, Robert Louis Stevenson, William Shakespeare




C’est une aventure. C’est une illumination. On trouve dans le cinéma de Bertrand Mandico une luxuriance de plante tropicale, pleine de chatoiements et d’épanouissements, d’ombres et de langueurs, d’affaissements et de paresses érotiques. Il y aussi des galeries de pierres précieuses et de totems vaudous qui semblent taillées à même l’os de notre squelette, dans un décor d’une implacable noirceur et d’une incroyable précision. Et les paroles sont prononcées comme des oracles, entre la blague électrique et la sentence de mort. Jusqu’à présent, Bertrand Mandico avait fait du court-métrage le laboratoire de ses plus grandes expériences : chaque film avait le sublime de la foudre qui annonce l’orage dans le ciel trop serein du cinéma actuel. Maintenant, il pleut des diamants.

Les Garçons Sauvages pourrait être le roman – entre Jules Verne et R.L. Stevenson – qu’un enfant solitaire lirait un jour où il n’a pas école. Mais déjà l’enfant s’est endormi, et le roman se met à s’animer, les personnages se mettent à vivre : il devient un film qui n’arrête pas de déborder dans les symboles, déconner dans les archétypes, prendre des tangentes folles. Il y a de la logique dans cette folie. Tout le long des Garçons Sauvages, les spectres de Shakespeare, de La Nuit du Chasseur et de Rimbaud annoncent le programme artistique, amoureux et politique, des années à venir. Chez Bertrand Mandico, tout est métamorphose. Ce qu’il nous montre transmute et nous transforme. Ce qu’il suggère nous arrache à la morne quotidienneté des jours et nous projette dans l’état visionnaire d’où toutes les splendeurs naissent. C’est pourquoi le film peut être si politique (réinvention d’un rapport positif à la guerre et à la flibuste) et si sexuel (émotion absolue à la découverte de nouveaux rapports, érotisation de toutes choses) sans jamais pouvoir être rabattu sur une signification univoque qui en réduise l’intense poésie. L’émotion artistique est un coup de foudre. Un film est gagné ou perdu dès les premières images. Dès ses premières images, Les Garçons Sauvages sont un chef d’œuvre : une source de vin, de lait et de miel qui jaillit d’une terre desséchée.