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Un jour la peinture est devenue Olivia Clavel
Paru en 2017

Contexte de parution : Exposition Olivia Clavel (Galerie Corinne Bonnet)

Présentation :

Texte écrit dans le cadre de l'exposition réalisée à la galerie Corinne Bonnet du 23 novembre au 23 décembre 2017.


Sujet principal : Olivia Clavel




Vous vous endormez. Vous ouvrez une porte qui donne sur une nature enchantée et on vous transporte d’un état de manifestation à un autre. C’est un salon au milieu de la nature, et c’est une nature qui a pris la forme d’un appartement. Les nuances de couleur y sont plus nombreuses qu’avant, les détails sont plus fins, et il semble que les dimensions se multiplient à vue d’œil, les niveaux de réalité coexistent harmonieusement. Regarder une toile d’Olivia Clavel, c’est apprendre à voir la nature comme si elle était aussi rassurante qu’un appartement, avec une table, un feu de cheminée, une bibliothèque, des chats qui courent, et c’est regarder un intérieur d’appartement comme une forêt mystérieuse, avec des feuilles qui vibrent comme des flammes, des arbres qui dansent, des fleurs qui sourient, un ciel qui vous aspire pour que vous vous envoliez vers lui. Le corps devient spirituel, il est aussi subtil et aussi réel qu’une image peinte, et il traverse la nuit coloré, pleine d’étoiles lumineuses : cette nuit éclatante qui vous appelle comme votre véritable pays, ces étoiles que nous regardons avec nostalgie comme si nous les avions quittées il y a très longtemps et aspirions à y retourner. Une exposition d’Olivia Clavel est un conte, une bande dessinée qui se déroule à même la vie. Chaque toile est la case d’une aventure, l’image d’une parole, et une fenêtre qui donne sur le paysage d’une réalité supérieure. Passer dans une toile, ce n’est pas s’évader dans l’imaginaire, c’est progresser dans la découverte de la réalité. Il n’y a rien de plus réel qu’une toile d’Olivia Clavel. Aucune peinture ne nous rappelle davantage à quel point nous nous trompons quand nous croyons notre monde limité. Le monde n’a pas de limites. La vie n’a pas de fin. Nous devons simplement apprendre à voir.

Tout tourne, tourbillonne sans cesse. Nos yeux essaient de retenir les flux et font sans cesse une image solide du monde là où tout est subtil et se métamorphose à la vitesse du vent. La spirale du Temps ne cesse de vibrer. Les arbres se mettent à épiphaniser des visages si nous faisons attention, et toutes les fleurs parlent, tous les oiseaux sont des âmes. Est-ce un voyage vers l’intérieur ou vers l’extérieur ? Le paradoxe ou la poésie de cette peinture, c’est que : plus on avance à l’intérieur d’une image d’Olivia Clavel, plus elle nous tire vers l’extérieur ; et plus sa peinture progresse dans le lointain, plus elle nous plonge dans l’espace le plus intime de notre être. Elle provient d’un espace plus proche de notre cœur que notre cœur lui-même, elle est le cœur de notre propre cœur.

 

Et un jour la peinture s’est mise à chanter. Elle chantait un chant nouveau, un chant d’amour et de voyages. Elle se mit à chanter comme deux cents oiseaux qui s’envolent vers un pays lointain, le pays de l’oiseau d’or. Un jour la peinture est devenue Olivia Clavel.