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L'Antichambre
Contexte : Chronic'Art

Présentation :

L’Antichambre est consacrée la démonologie, soit la possibilité de démontrer la présence concrète des démons, de connaître leurs traits distinctifs et d’apprendre à les combattre.



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Manuel Valls

Présentation :

Publication dans le 78 de Chronic'Art de Septembre-Octobre 2012.

Sujet principal : Manuel Valls
Cité(s) également : plusAlain Bauer, Arthur Rimbaud, Biytach Hell, Dominique Strauss-Kahn, François Hollande, Isidore Ducasse (Comte de Lautréamont), Jean-François Copé, Julien Dray, Nathalie Soulié, Nicolas Sarkozy

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Aujourd’hui, nous traiterons du démon le plus tapageur de l’actuel gouvernement : Manuel Valls. 

Meshuggah le dit : The Demons Name is Surveillance. Manuel Valls, c’est Malphas, mentionné en 39e position dans le Legemeton : mi-homme mi-corbeau, il bâtit des citadelles et des tours inexpugnables ; les satanistes lui demandent de l’aide lorsqu’ils cherchent des hommes à asservir. C’est aussi Valefor, un lion à tête d’âne, qui pousse les hommes à voler pour mieux les mener à la potence. 

Un démon jouit dans l’espace public d’un pouvoir qui ne s’explique ni par la compétence ni par la popularité. Lors des primaires, Malphas est arrivé derrière Mme Foldingue avec 5,7% des voix. Valefor a néanmoins été choisi comme chef de campagne du conditionnel Hollande, et se retrouve aujourd’hui ministre de l’intérieur : un poste à partir duquel il pourra, comme naguère un autre individu éminemment détesté, préparer sa présidence. Il y a de fortes chances que la prochaine élection oppose J.F. Copé à Manuel Valls, soit deux hommes que TOUT réunit – même si le premier ressemble surtout à un homme qui s’enfonce des cafards dans le cul et le second à le sourire des amateurs distingués de tartines de merde. Lors du dîner organisé par Julien Dray entre les deux tours des élections, confrontant, dans un ancien sex shop nommé J’ose, les soutiens de Hollande à DSK, Valls est le seul éléphant à s’être joyeusement assis à la table du King-Kong du viol. Bateleur raté – J’ose est, selon l’auteur des Méditations sur les arcanes majeurs du Tarot, la parole de la 1ère Arcane – Dray a été immédiatement blackboulé, ce qui fait plaisir mais ne sert à rien ; Valls a bénéficié d’une exceptionnelle clémence. Valls s’est en outre déclaré « blairiste », estimant sans doute que le paillasson anglais a fait du mensonge un art tel qu’on ne puit le pratiquer sans lui en attribuer le copyright.

Un démon n’agit jamais que pour son intérêt, même si celui-ci se confond avec celui de l’Enfer. Obsédé par la sécurité, Malphas aimerait pouvoir se hisser en haut d’une citadelle pour connaître nos moindres gestes. Pour autant, Valefor parle peu de l’ancienne Mme Valls, Nathalie Soulié, mère de ses 4 enfants et secrétaire de Alain Bauer à AB Conseils – oui : Bauer, l’homme à la moustache filasse et au costume mal coupé de vendeur de conventions obsèques ; celui qui avait mis 40 exemplaires de L’insurrection qui vient entre les pattes de la DCRI entraînant la comédie policière de Tarnac ; Bauer l’éternel VRP des machines de surveillance pour tous les gouvernements depuis plus de 20 ans. Et il omet également de préciser que le criminologue farceur est le parrain de son 2e enfant. La politique comme annexe du Lions Club, ce n’est ni Valls ni Bauer qui l’ont inventé – mais le premier pousse celle-ci a un tel degré qu’on devra plus tard se déclarer « vallsien » si le seul enjeu d’un ministère est de faire acheter par l’état les machines malfoutues de notre gros copain. 

Un démon s’acharne principalement contre ceux qui lui rappellent ce qu’il a abandonné pour devenir démon. Valls n’a désormais qu’une besogne : la chasse aux Roms. Sport pratiqué à fond sous Sarkozy, autre métèque aux probables origines gitanes, le barcelonais laïcard – étranger à la spiritualité authentique comme tous les fans de corrida – l’a repris pour lui. Parce qu’ils s’en prennent au peuple de la Grande Note, porteur de la Tradition primordiale, ceux qui s’attaquent aux Roms sont les plus enténébrés des hommes. 

Un démon a un goût de chiottes. Dans un entretien de 2010, Manuel Valls affirme avoir été ébloui par La Barbarie à visage humain de Biytach Hell très tôt, à 16 ans. À 16 ans, on est ébloui par Rimbaud et Lautréamont ; pas par Biyatch Hell ! La suite de sa vie sordide et sa descente parmi les démons s’expliquent alors facilement. 

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Gallimard

Présentation :

Publication dans le 79 de Chronic'Art de Novembre-Décembre 2012.

Cité(s) également : plusAlfred Jarry, André Gide, André Malraux, Biytach Hell, Henri de Régnier, Jean Schlumberger, Jean-Paul Sartre, Léon Bloy, Louis-Ferdinand Céline, Marcel Proust, Philippe Sollers, Raymond Queneau, Remy de Gourmont, Zine el-Abidine Ben Ali

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Aujourd’hui, nous parlerons d’une entreprise consciente de fabrication de cadavres : Gallimard.

Parfois je me dis que nous n’avons jamais quitté le Creusot. Entièrement dominée par la dynastie des Schneider, maires et métallurgistes spécialisés dans les rails et les canons, alors que les tapisseries de leur château inscrivaient le déploiement de leur industrie en Amérique et aux Indes, la ville se recroquevillait sur elle-même, fermait ses routes par lesquelles les ouvriers auraient rêvé de partir, et ses bars où ils auraient pu fomenter une guerre. Le Creusot, c’était Schneiderland. Eugène, l’ogre, baisait toutes les femmes et dévorait vivants tous les enfants : on voyait sa statue de 1879 au cœur de la place centrale, avec, à ses pieds, une ouvrière expliquant à son fils tout ce qu’ils devaient à leur bienfaiteur. Henri, le sombre, faisait fructifier la fortune de papa : en 1923, sa statue le montrait assis, une carte dépliée sur ses genoux ; et sur les vitraux de la cathédrale, ses deux favorites apparaissaient ironiquement sous les traits de Véronique et de Marie-Madeleine. Enfin, Charles transformait la société en holding pour toucher le marché mondial et voyait l’ensemble de leur royaume se disloquer : sa statue de 1968 était celle d’un petit passant en imperméable, l’œil triste, le sourire flou – tout à fait comme un personnage de Raymond Queneau.

Gallimard, c’est le Creusot. La rue Sébastien-Bottin, devenue depuis un an « rue Gallimard », est le symbole du népotisme de cette triste engeance. En 1911, avec Gide et Schlumberger, la première initiative de Gaston, le père, est d’inventer la NRF. D’une main, les trois petits cochons détruisent la Littérature aristocratique, anarchiste et bohémienne épiphanisée par le Mercure de France (Bloy, Gourmont, Régnier, Jarry). De l’autre, ils imposent progressivement une prose de blaireaux de la grande bourgeoisie : Malraux, Sartre, Sollers. De Gaston Gallimard à Claude, le fils, nous perdons la clé de la parade sauvage des symbolistes, jadis hantés d’absolu, désormais taxés d’hermétisme. Commence alors une technique, parachevée par Antoine, le petit fils, de refus systématique des bons écrivains (Proust, Céline) et de promotion indécente des mauvais ; puis de rachat des bons à leurs premiers éditeurs une fois ceux-ci reconnus, afin de construire le catalogue de la maison : ce bréviaire du ridicule où les grands artistes maudits du passé sont associés aux crétins surestimés du présent, comme si la réussite des tacherons était en mesure de racheter l’humiliation des Titans.

Comme Biyatch Hell, les Gallimard sont des buses mais ils savent faire une chose : corrompre. Leurs contrats sont des bombes à retardement. Si un écrivain passe en Pléiade, alors son éditeur d’origine doit céder les droits de reproduction en poche, et peut consacrer le restant de ses jours à la pêche à la mouche. Quand un écrivain a la naïveté de se laisser publier par Gallimard de son vivant, c’est pire que s’il tirait une balle dans le ventre de sa postérité. Antoine ne réimprimera pas, mais conservera les droits et quelques exemplaires de chaque livre, pour pouvoir dire que les œuvres sont toujours disponibles lorsqu’un nouvel éditeur sera prêt à ressortir des limbes le défunt. La littérature, Gallimard s’en fout. Son objectif, c’est de réduire les écrivains en esclavage ; et cette esclavage est reconduit après leur mort.

Gallimard est un symbole de tout ce qui cloche en France. Comme Ben Ali avant janvier 2011, tout le monde sait qu’il est nul et nuisible, mais tout le monde le craint. Nous mourrons de sa culture morbide, de ses réseaux d’intimidation, de son esthétique de croque-mort. Gallimard, il va bien falloir le quitter avant qu’il ne nous entraîne dans sa chute. Gallimard, il va falloir le renverser comme une dictature arabe.

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Le Splendid

Présentation :

Publication dans le 80 de Chronic'Art de janvier-février 2013.

Cité(s) également : plusBiytach Hell, Christian Clavier, Freaks, Georges Feydeau, Gérard Jugnot, Josianne Balasko, Michel Blanc, Roland Topor, South Park, Thierry Lhermite, Woody Allen

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Aujourd’hui, nous parlerons de la domination psychique par l’humour et de l’humiliation permanente à travers le cinéma du Splendid.

A partir du milieu des seventies, la culture française devient une culture de mort. Nos parents attendaient l’An 01, l’utopie anarchiste ; c’est le monde zéro qui est arrivé. Pendant que, pour l’« élite » (haha), Biyatch Hell et les « nouveaux philosophes » réduisent toute forme de réflexion à une propagande occidentaliste dont l’enjeu est, sous couvert de défense des droits de l’homme, la préservation des intérêts de la caste des maîtres, le Splendid gave le « public » avec un humour qui détourne l’agressivité propre à l’esprit Hara-Kiri pour que le peuple ait honte de lui-même. Techniquement, le Splendid, c’est Feydeau sans la vitesse, réduit à un piétinement incessant. Moralement, c’est le Satyricon : on rit des prolétaires humiliés et des étrangers offensés, et on les force à rire d’eux-mêmes, pour le divin plaisir de leurs maîtres.

On corrompt les dirigeants en maîtrisant leur idéologie, on mate les dirigés en confisquant leur culture. Alors que, au début des sixties, les Freaks de L.A. remettent en cause l’Amérique d’après-guerre, rappelant le coût réel de la « poursuite du bonheur », les Hippies de San Francisco annulent leur charge subversive – auti-autoritaire, carnavalesque et médiévale – et la dissolvent dans un window dressing qui se donne le temps de se retourner. En moins d’une dizaine d’années, les Beautiful People deviennent les Yuppies, puis les Néo-Cons aux manettes de la politique extérieure américaine. Ce n’était donc pas la domination économique exercée sur le reste du monde, que détestaient les Hippies chez leurs parents, c’était seulement leur morale individuelle un peu stricte. 

L’histoire du Splendid en France épouse celle des Hippies. Avec une affiche de Reiser, « Le Père Noël est une Ordure » réussit à blouser les vieux anars en faisant passer ses vessies libérales pour des lanternes libertaires. Ce que vient railler la pièce écrite par quatre grands bourgeois de Neuilly-sur-Seine (Clavier, Jugnot, Lhermite, Blanc), c’est le monde des pauvres et des immigrés : la bouffe du serbe est dégueulasse, et les sous-prolétaires qui vivent dans des caravanes sont presque des bêtes. « Les Bronzés » réduit l’histoire de l’humanité à la recherche du plaisir immédiat. Les Africains n’existent pas : leur continent n’est qu’un décor pour les obsessions adultérines de l’Occident. On s’y fait un peu peur, mais ça finit bien : les couples se refont à la fin des vacances, et, comme chez Woody Allen, la continuité du monde bourgeois est aussi inéluctable que le retour des saisons. Mais c’est dans « Papy fait de la Résistance » qu’on assiste à leur plus grande opération négationniste. La bourgeoisie neuilléenne y devient le cœur de la résistance gaulliste ; et ce sont ses immigrés (Jugnot, en concierge portugais transformé en chef de la Gestapo) ou ses pauvres (Balasko, qui couche avec un allemand) qui forment le noyau dur de la collaboration. On ne rêve pas : la caste des maîtres ne se contente plus de servir au peuple un miroir humiliant, elle lui explique qu’elle est son rempart contre le fascisme.

No tengo miedo que se acabe el mundo, tengo panico que siga igual. Ce n’est pas surprenant que, contrairement à Swift, Topor ou South Park, leur humour noir soit imperméable à la poésie, et étranger à la grâce. Le monde imposé par le Splendid à un peuple soumis à l’absorption de son amère ironie est également dominateur et dominé, dévorateur et dévoré. Il est prêt à sacrifier la Terre entière pour tenter d’assouvir sa passion et sa colère, mais rien ne peut même lui suggérer le commencement d’une délivrance. Comme dit le graffiti espagnol, ce n’est pas la fin du monde qui est infernale, c’est la continuation incessante de celui-ci.

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François Hollande

Présentation :

Publication dans le 81 de Chronic'Art de mars-avril 2013.

Sujet principal : François Hollande
Cité(s) également : plusBill Clinton, Dominique Strauss-Kahn, Jacques Chirac, Lars von Trier, Manuel Valls, Monica Lewinsky, Nicolas Sarkozy, Pierre Carles, Tristane Banon

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Aujourd’hui, nous parlerons de François Hollande comme archétype du démon moderne à tête rassurante : le bisounours de Satan. 

La forme ultime du démon, c’est le patron gentil. C’est un brave mec, qui admet être un peu lâche et un peu immature, et recherche la compréhension, voire la complicité, de tous ceux qu’il arnaque en secret. C’est Ravn, le « Direktor » de Lars von Trier : un chef d’entreprise qui se fait passer pour le numéro deux, parce qu’il ne veut pas assumer les licenciements de ses employés, et continue à exercer le pouvoir tout en se prétendant leur ami. La haine des petits bourgeois de notre époque pour Lars von Trier vient d’ailleurs du fait que tous ses films déchirent cette image de l’homme qui ne prend pas part au Mal : cette image de l’homme « normal », qui ne cherche pas le pouvoir et refuse de s’inscrire dans les rapports de force, qui est celle qui nous rassure le plus parce qu’elle nous évite de nous regarder en face.

L’apothéose de cette image, c’est Hollande. Sa malice, dès la campagne électorale, a consisté à ne pas confirmer ni infirmer les propos de Tristane Banon sur DSK, profitant de la chute de ce dernier sans se priver de ses soutiens. Elle a consisté à filer doux, et laisser le rôle du salaud à Manuel Valls, comme Chirac avec Sarkozy. Sa malice a consisté à perpétuer cette politique européenne résolument démoniaque, affamant les peuples au profit des banques, tout en se donnant quand même le rôle sympa du président gay friendly. Sa malice, aujourd’hui, consiste à poursuivre la politique néo-coloniale au Mali, mais sans les attitudes agressives de Sarkozy durant sa destruction de la Libye – se donnant, une fois de plus, les allures du pauvre mec qui fait ce qu’il peut, alors qu’il est au contraire le plus accompli des stratèges du Mal. Hollande a compris qu’il était très difficile de détester un homme qui a mis ses couilles au vestiaire ; et qu’on hésitait toujours à frapper un petit bonhomme pâle, mou, et plutôt conciliant.

Nous avons tous du Hollande en nous. Clinton avait du Hollande en lui quand il disait qu’il n’avait pas eu de relations sexuelles avec Monica Lewinsky ; c’est elle qui en avait eu avec lui. Charb avait du Hollande en lui, quand il critiquait Val devant la caméra de Pierre Carles, alors que, derrière, il continuait à bosser pour le pseudo-Charlie. Chirac avait du Hollande en lui quand il s’opposait à l’invasion américaine du Golfe, mais laissait Sarkozy détruire les polices de proximité et instaurer des quotas dans les commissariats. Nous avons tous du Hollande en nous quand nous voulons garder le rôle du gentil tout en profitant des nuisances d’autrui ; quand nous reportons les malheurs générées par nos décisions sur la conjoncture économique, les impératifs de l’époque ou le fonctionnement des institutions. Nous avons du Hollande en nous qui pousse comme une gangrène et grossit comme un goitre. 

Hollande, suprême démon : Toi président de la république, tu as accompli l’exploit d’être encore plus indifférent au sort des personnes qui ont voté pour toi que ton prédécesseur. Toi président de la république, tu as rendu ton pays encore plus déprimé, malade et impuissant, incapable d’anticiper les saloperies que tu leur fait avaler. Toi président de la république, tu peux affamer les peuples sans être comparé à un porc, démanteler des camps de gitans sans te faire traiter d’ordure, et accomplir les décisions du Conseil Européen sans avoir l’air d’un dictateur. Toi président de la république, tu es encore plus près du Prince de ce Monde que les autres, parce que ton regard ne reflète pas même la nostalgie du Bien, parce que tu es étranger à la grâce, et te prétend innocent de tes propres crimes. Hollande, la Mort viendra et elle aura tes yeux.