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Chronique de Le Mani Destre Recise Degli Ultimi Uomini
Paru en 2009

Contexte de parution : Rock&Folk

Sujet principal : menu_mondes.pngSecret Chiefs 3menu_mondes.png
Cité(s) également : plusAntonin Artaud, Dario Argento, Ennio Morricone, Goblin, Haydar Amoli, Isidore Ducasse (Comte de Lautréamont), Mario Bava, Mike Patton, Mr. Bungle, René Guénon, Stelvio Cipriani, Sun Ra, Trey Spruance




Depuis la scission de Mr. Bungle, les deux leaders, Mike Patton et Trey Spruance, se sont repliés sur leurs ambitieux projets musicaux respectifs. Celui de Spruance, Secret Chiefs 3, est un labyrinthe plein d’effets de miroir – tel les diagrammes de Haydar Âmolî, exprimant l’unité dans la multiplicité et la multiplicité dans l’unité. Et ce projet comprend – depuis 2004 et « Book of Horizons » – sept formations distinctes (The Electromagnetic Azoth, UR, Ishraqiyun, Holy Vehm, Traditionalists, FORMS et NT Fan) chacune concentrée sur une des dimensions imaginatives du projet. Lecteur passionné de pensée traditionnelle guénonienne et de poésie visionnaire violente (Artaud, Lautréamont), Spruance combine, dans ses minutieuses compositions, l’amour pour les formes classiques de la musique arabe ou indienne à un Death Metal mêlé d’Exotica. Sur « Le Mani Destre Recise Degli Ultimi Uomini », c’est la formation « Traditionalists » qui joue, à travers une « Colonna Sonora Paranoica » en hommage aux films d’horreur Giallo, de Bava à Argento. C’est surtout l’occasion de retraduire en termes contemporains les styles conjugués de Goblin, Cipriani ou Morricone. Le disque n’est pas un simple pastiche : SC3 traverse les époques des différents films et les reconfigure à travers le prisme d’une vision archi-kaléidoscopique, comparable seulement à celle de Sun Ra avant lui. Des cordes mécontentes de dissoner se fracassent sur les chœurs féminins pleins d’échos ; les synthétiseurs analogiques s’accouplent aux célestas sous les yeux d’orgues d’église grimaçants ; les mains droites des derniers hommes sont sectionnées ; et le film imaginaire se déroule, dans nos cerveaux, nous arrachant à nos narrations mentales pour nous projeter – tel un Ange – dans le « monde des formes en suspens ».